M. Raymond Ménard |
Le
grand ami de notre festival qu’est Raymond Ménard a dit
« chiche » pour la sixième édition d’icelui. Et toujours à ses frais,
il y tient, ce qui garantit son indépendance. Alors suivez cette rubrique le moment
venu. Qu’on se le dise depuis les cabanes à sucre les plus reculées jusqu’aux
dernières chaumières de chez nous !
⁂
Faisons
un rêve
Voilà,
le rideau est tombé.
De
la lumière, tous, nous allons nous retrouver dans l’ombre des habitudes. Mais
l’ombre et même la nuit n’empêchent pas de faire un rêve. Alors, après un grand
merci à tous, initiateurs, acteurs, participants, et à ceux qui œuvrent
justement dans l’ombre et permettent ces relations entre tous, avec eux faisons
ensemble, si vous le voulez bien, un merveilleux grand rê… vœu.
Et
reprenons tous en chœur :
La
Vache et le Caribou
Sur la
route de cheu nous (bis),
J’ons vu
passer un caribou (bis),
Et une
vach’ (bis),
Pas très
bravach’ (bis),
Et une
vach’ pas très bravach’
évitant le passag’ des clous.
Ils
venaient au festival (bis),
Déambulant
d’un air martial (bis),
Pour saluer
(bis),
Le
président (bis),
Pour saluer
le président
Dont le
programme est épatant.
Ils
accouraient avec ardeur (bis),
Pour
partager la bonn’ humeur (bis),
Et savourer
(bis),
Ce festival
(bis),
Et savourer
ce festival
Qui
vraiment est un régal.
Le caribou
est r’parti (bis),
Et la vach’
normand’ aussi (bis),
Et tous les
deux (bis),
Sont très
heureux (bis),
Et tous les
deux sont très heureux,
D’avoir
vécu ces temps précieux.
⁂
Derniers
échos, dernières images
Bénévolat
« Si
tu veux qu’ils se battent, jette-leur du grain. Si tu veux qu’ils s’aiment,
fais-leur construire une tour. »
Ce
double conseil saint-exupéryen est plus que jamais d’actualité. Il repose bien
sûr sur l’altruisme et le partage, deux notions qui tendent à disparaître du
code des relations entre les hommes. Par chance à Verneuil-sur-Avre, les tours,
si l’on peut dire, ont déjà été construites. Et le nombre d’associations
locales est éloquent : plus de cent trente.
Mais
si de nombreuses personnes sont engagées dans plusieurs associations, les
rapports entre les diverses cellules manquent incontestablement de liant. Il
reste que Adbstar est une belle famille dont les qualités premières du
bénévolat sont manifestes.
À l'exception de Colette Lhommet, Michel Bourre et Francis Clatigny, excusés, les membres du Conseil d'administration, du bureau et une partie des hébergeurs donnent le coup d'envoi du 6ᵉ festival. |
Ses membres sont regroupés autour du président,
Fabien Perucca, qui ne ménage ni ses moyens, ni son temps, qui fait toujours
face avec détermination devant les aléas de la vie, qui est un indéniable moteur.
Et l’équipe rassemblée autour de lui, familiale, amicale, fait preuve elle
aussi de grand courage et de générosité. Unie, décidée, de l’accueil au
transport, de l’organisation des spectacles à l’administration, des initiatives
pour assurer et préparer les moyens qui permettent de survivre… comme les
repas, établir le programme, l’annoncer, le présenter, rien n’est négligé dans
ces tâches, même la plus modeste. Tout est construit dans l’amitié et l’estime.
De gauche à droite : Catherine Delporte, Colette Lhommet, Michèle Thouin et Patricia Crignon. Quatre des cinq mousquetaires de la cuisine, Éliane Dupuis, la cinquième, étant excusée ce jour-là. |
Ainsi lorsque entre deux spectacles, derrière le
rideau noir se dressent les tables pour accueillir les convives, les
cuisinières au nombre de cinq savent se transformer en serveuses attentives et
souriantes, satisfaites de faire savourer leur talent culinaire et de
pâtissières. Et les convives apprécient cette pause-repas. Un grand bravo à
Catherine, Colette, éliane,
Michèle et Patricia qui savent avec brio mettre la main à la… pâte !
*
Tous Charlie
Lors
du spectacle présenté par Alexandra Hernandez, le public eut la bonne surprise
de voir apparaître sur scène Charlie, la fillette de la chanteuse, pour
participer, du haut de ses trois ans et demi, au final.
Accueillies
comme tous les autres artistes chez des Vernoliens sympathiques, la chanteuse
et l’enfant ont bénéficié de l’aide de Gwen, la petite-fille de Michèle et
Jean-Pierre Thouin, fidèles d’entre les fidèles. Gwen se mit au diapason et
joua les baby-sitters auprès de Charlie, avec tout le dévouement attendu et les
félicitations des organisateurs.
*
Soirée relâche
Créateur
et meneur-animateur du trio An Las, Gilles Jamault a mis à profit sa journée de
relâche du vendredi 21 août pour rejoindre la salle des fêtes de
Verneuil-sur-Avre, et venir applaudir la soirée animée par le duo Jean-Guy
Deraspe – J. Red Mitchell. En compagnie de madame, il s’élança même sur le
parquet pour guincher et connaître le plaisir d’avoir pour un moment sauté la
rampe.
*
Laissons
les bons temps rouler
Cette
expression acadienne, qui invite l’interlocuteur à profiter du temps présent,
fut illustrée, le vendredi 21 août, par l’arrivée impromptue d’une artiste de
très grande valeur : la violoniste et compositrice ève-Marie Bodet.
Cette
étoile de la musique, dont le parcours brillant la conduisit sur la route de
l’étude du violon, jouit d’une réputation internationale.
Apprenant
la prestation de Mélanie LeBlanc au festival la Vache et le Caribou, elle fit
spontanément une halte imprévue à la salle des fêtes locale, et se retrouva
bien vite sur scène pour participer au show de la chanteuse acadienne, fan de
Michel Legrand.
Ce
fut un moment délicieux que d’applaudir cette artiste qui côtoya le réputé
violoniste Didier Lockwood, qui fut rattrapée par le jazz manouche, découvrit
la musique cajun et qui, en 2011, s’associa avec la chanteuse acadienne Edith
Butler.
ève-Marie Bodet, dont le
talent n’a d’égal que sa gentillesse, donna, en toute simplicité, un joli
soupçon de sa maestria, maestria qui est applaudie dans le monde entier.
*
Chorale surprise… et participation
Cette
année, le spectacle s’est ouvert sur le pastiche d’une chanson que plusieurs
membres prévenus au pied levé n’ont pas hésité à défendre. Prouvant, là encore,
bonne volonté, temps de réaction rapide, disponibilité et talent.
De
son côté le conseil municipal, au travers de sa commission des associations, n’hésite
pas à encourager le travail de Fabien Perucca et son équipe. Didier Husson,
l’adjoint délégué à la Culture, apporte, chaque fois qu’il le peut, son
calendrier d’informations dans le domaine culturel.
C’est
ainsi que le dimanche 23 août, lors de la projection du dernier film-plaidoirie
de Denis Côté, Que ta joie demeure, il
précisa que, le dimanche 27 septembre prochain, le cinéma Le Trianon présentera
au cours de deux séances, à 14 h 30 un film d’Alain Jessua, et à 17 heures le
premier film de notre voisin de La Guéroulde Jean-Yves Carrée-Lebasque.
*
Carré d’as
Lorsqu’on
travaille ensemble à la mise sur pied d’une manifestation populaire, la bonne
ambiance est primordiale. Elle est l’indispensable ciment qui reliera entre eux
les membres. Bientôt naîtront des expressions caractéristiques qui les
désigneront. Ainsi le Carré d’As d’Adbstar. Il est formé de deux couples qui
répondent toujours « Oui » lorsqu’un service est demandé. Il s’agit
de René et éliane Dupuis d’une
part et de Michèle et Jean-Pierre Thouin d’autre part.
Les
premiers prêtent volontiers leur spacieuse maison pour les réunions du bureau.
René joue toujours, avec discernement et tact, les contrôleurs aux entrées des
spectacles. éliane, tout comme
Michèle, appartient à l’escadron des cuisinières et des pâtissières. Et
Jean-Pierre mitraille les événements pour réaliser les archives souvenirs de ce
joyeux temps de partage.
*
L’art de faire… la bombe !
En
révélant au public vernolien l’histoire des premiers vols des aviateurs
canadiens se lançant dans la Grande Guerre, Véronique Peyraud-Damas ne put
s’empêcher de tirer, des archives du musée d’Air France, la photographie
anonyme d’un équipage mimant pour le photographe le lancer à la main d’une
bombe.
C’était,
à l’époque, la technique appliquée. Il est vrai que l’altitude de vol était
relativement basse et que « l’important, pour ce lâcher de bombe, avant
tout était de savoir l’endroit où ce qu’elle tombe… » comme le chanta
quelques décennies plus tard le regretté Boris Vian.
⁂
Que
ta joie demeure :
un
regard sans concession sur le travail
Œuvre-constat
imprégnée de dérision, Que ta joie demeure est le film témoin que le cinéaste québécois Denis Côté a réalisé, l’an
dernier, avec une belle audace.
Ce
film témoin, sans concession, à classer sans hésiter dans la catégorie des
documentaires révélateurs de la vie que se prépare l’homme, était projeté,
dimanche soir, au cinéma Le Trianon, et marquait la fin du 6ᵉ festival de la
Vache et du Caribou.
Froid,
distant comme le fléau que représente le travail enveloppé dans la rentabilité
majestueuse et dominante qu’il dénonce, ce documentaire révèle, de façon
inquiétante et douloureuse, le carcan que s’invente l’homme assoiffé
d’égoïsme, et pour tout dire déshumanisé.
Coupé du monde, dans un univers restreint. |
Le travail quotidien, routinier, n’offrant plus
d’enthousiasme immédiat, dessèche l’individu en lui enlevant toute perspective
ensoleillée. La populaire trilogie Métro, boulot, dodo trouve là tout son relief. La
pause café-cigarette rejoint, dans un silence éloquent, les minutes passées
devant la machine, l’établi ou le sas de décrassage. La cantine elle-même n’est
plus qu’un passage obligé, sans échange et sans partage.
Une obligation : le décrassage. |
Les scènes tournées dans des usines de Montréal,
sans autre son que le bruit des machines et le non-dit des hommes et des femmes
hypnotisés, emportés par une obligation les privant de toute ambition et de
tout espoir, laissent entrevoir l’avenir inquiétant que cette société de
consommation tisse à l’horizon pour les gens de demain.
Jetées dans la même routine anesthésiante. |
À
peine, au détour d’un couloir ou d’un atelier, quelques mots remplis de dérision
ont-ils été inscrits sur le mur : « Si vous êtes bon, on vous
donnera le travail. Si vous êtes très,
très bon, vous le ferez faire par d’autres. »
Denis Côté, courageusement, secoue le cocotier. En sachant consciemment que son
film n’est pas une comédie, et que l’homme, abruti par cet esclavage qui ne dit
pas son nom, est rejeté de façon systématique sur les rives d’un eldorado
imaginaire.
Peut-être un jour, l’homme au bout de sa
misère entreprendra-t-il une longue migration vers un mirage apparu à
l’extrémité de son désespoir.
N’est-ce
pas déjà ce que certains peuples ont commencé à faire ?
Dernière image du film : ce jeune musicien interprétant la mélodie de Bach. Réussira-t-il à retrouver le chemin du bonheur ? |
⁂
Quand
les pilotes canadiens
écrivaient
les premières pages de l’aviation
Véronique Peyraud-Damas, archiviste du musée Air France, est venue faire revivre les premiers vols des pilotes canadiens. |
Un
conflit aussi horrible soit-il engendre toujours d’étonnants progrès pour les
générations qui suivent. Au prix du sacrifice suprême, des hommes deviennent
des héros, et inscrivent leurs noms dans la mémoire de leurs descendants.
Lors
du dernier conflit mondial, nos cousins canadiens en volant à notre secours ont
accompli des exploits qui restent des exemples devant lesquels on s’incline
encore aujourd’hui avec tout le respect qui leur est dû.
Mais
il faut savoir que l’âme du Québec, si riche de partage et de générosité,
demeure au travers du temps un lien solide qui relie de chaque côté de
l’Atlantique nos pays francophones.
À
l’orée de la Première Guerre mondiale, alors que l’aviation balbutiait ses
premiers vols, il est bon de se rappeler que nos cousins d’outre-mer étaient
déjà présents pour participer à cette conquête du ciel.
C’est
ce que Véronique Peyraud-Damas, archiviste et membre du musée Air France, est
venue conter, samedi 22 août, à la salle des fêtes, au cours d’une conférence
illustrée de magnifiques documents et affiches.
La
conférencière évoqua le courage intrépide du mécanicien Jeannet, du pilote
Webster, du Québécois d’origine Jean-Marc Landry, breveté en 1914, qui furent
les pionniers de la Canadian Air Force.
Le mécanicien Jeannet… |
… et le pilote Webster, deux des pionniers de l'aviation canadienne pendant la guerre de 1914-1918. |
Elle
révéla l’influence de la cavalerie sur l’aviation (on monte dans un avion par
la gauche, tout comme on monte sur sa monture), et souligna le courage de ces
jeunes, qui apportèrent, avec leur bel enthousiasme juvénile, les espoirs qui
se concrétisèrent en 1918. 14 000 pilotes canadiens participèrent à ce
premier conflit mondial.
Véronique
Peyraud-Damas conta aussi les rivalités opposant les chefs des états-majors,
contrastant avec le partage des espoirs et de l’audace des jeunes pilotes,
véritables pionniers de cette formidable bataille du ciel, à l’aube du xxᵉ siècle.
⁂
Quand
Jean-Guy Deraspe,
l’homme-orchestre
violoneux, met le feu
Jean-Guy Deraspe |
Deux.
Deux musiciens sur scène. Mais qui mettent l’ambiance et le feu comme quatre.
Jean-Guy Deraspe est un récidiviste pour ne pas dire un habitué de ces nuits
chaudes qu’il anime avec un entrain dont le rythme est infernal. Accompagné par
son ami de longue date J. Red Mitchell, virtuose de la guitare, il a conquis
tous les spectateurs venus assister le vendredi 21 août au dernier baroud de ce 6ᵉ festival de la Vache et du Caribou. Passant des cordes du violon
à celles de la mandoline ou de la guitare, il navigue avec bonheur, soutenu par
son compagnon, sur un répertoire varié, parfois insolite mais toujours de
qualité et souvent endiablé.
Riche
de références historiques, folkloriques et personnelles qui ne sont pas les
moins remplies d’émotions, ni de qualité, Jean-Guy Deraspe a entraîné la salle
dans un de ces voyages où le respect de l’autre et de la famille renforce le
bonheur de gens qui prennent la vie à bras-le-corps. De l’évocation de Louis
Hémon et de sa Maria Chapdelaine jusqu’à
celle de Jolie Louise, des 48 degrés et
ses étoiles de Jacques Cartier, parti de
Saint-Malo, jusqu’aux merveilleux textes retraçant sa propre existence avec Si
ma mère, chez nous ou Où es-tu l’amour ?, ce sont
plus de quarante chants, mélodies et danses échevelées que ce violoneux, habité
par le talent, a offert au nom de l’amitié au festival vernolien.
J. Red Mitchell et Jean-Guy Deraspe : deux indissociables complices |
À
son côté, J. Red Mitchell, dont la carrière croisa celle de Stéphane Grappelli,
Gilles Vigneault, Félix Leclerc, Diane Dufresne, Jacques Higelin, Robert
Charlebois ou encore Nicole Croisille, a fait preuve d’une infatigable maestria. Ce duo de prodiges de la musique a offert, sous forme d’un splendide bouquet, une soirée qui fera date
dans la mémoire de ceux qui ont eu le privilège d’applaudir ce spectacle.
⁂
Mélanie
LeBlanc, la grande voix acadienne,
comme
dans son salon
Quand
on est petite fille, que l’on vit dans une famille où la musique occupe une
grande place, quoi de plus naturel que de jouer à la professeur de chant avec
ses poupées, comme d’autres jouent avec elles en devenant leur maîtresse
d’école ?
Imposer le rythme |
Mélanie
LeBlanc, fillette à la voix prometteuse, faisait chanter ses poupées dans son
salon. Et le vendredi 21 août, c’est dans son salon transféré sur la scène de
la salle des fêtes de Verneuil-sur-Avre qu’elle a invité le public à
redécouvrir la chanson française et particulièrement les recueils de ces grandes
voix que furent Michel Legrand et édith
Piaf.
Le
visage encadré par de fins cheveux bruns glissant sur ses épaules, longue robe
noire sculptant son corps épousant les rythmes de ses chants, elle fit l’effet
d’une apparition sonore, accompagnée avec maîtrise par le pianiste Armand
Dionne, frère de la célèbre chanteuse lyrique acadienne Chantal Dionne,
interprète de Mozart, Bizet, Massenet, et bien d’autres grands compositeurs
d’opéras.
Mélanie et son pianiste Armand Dionne (photo Jean-Pierre Thouin) |
Enfant,
Mélanie LeBlanc fut bercée par les chansons et la musique de Michel Legrand, et
naturellement elle suivit sa trace pour mieux faire revivre ces airs si
difficiles à interpréter, tout comme ceux d’édith
Piaf. Des Moulins de mon cœur à Milord, en faisant même un détour par le répertoire de Nana Mouskouri, elle
apporta le réconfortant accent de sa langue maternelle, imprégnant ses
interprétations de la saveur francophone si douce à partager.
Son
récital a même paru court, malgré quelques œuvres du folklore acadien. Habituée
qu’elle est du festival de Saint-Aubin-sur-Mer, nul doute qu’on la reverra avec
plaisir.
L'enthousiasme, tous ensemble |
⁂
Caméra
au poing
avec
le réalisateur acadien Chris LeBlanc
Chris LeBlanc : traduire les émotions en images |
Être
armé d’une caméra pour faire vivre une page de l’Histoire ou commenter une
tranche de vie qui échappe à l’ordinaire, telle est la passion de Chris
LeBlanc. Ce documentaliste et réalisateur acadien, spécialiste de séries, l’un
des plus talentueux techniciens de sa génération, est venu, le lundi 17 août,
présenter, au cinéma Le Trianon, deux de ses œuvres.
Son
premier court-métrage projeté, Les Larmes
du Lazaret, retrace l’histoire d’une
léproserie acadienne créée à Tracadie en 1604 avec l’arrivée des premiers
malades et leur marginalisation volontaire. Réalisée avec des moyens
conséquents de décors et de maquillages, l’œuvre présente avec force la lutte
douloureuse et remplie de fraternité par les premiers hommes ayant vaincu leur
peur et ouvert leur cœur pour surmonter ce fléau arrivé comme la peste et dont
on ignore l’origine. La réaction primitive des autorités qui parquèrent
brutalement les malades sans aucune charité, les comportements divers, et
souvent aux antipodes l’un de l’autre, des habitants surpris, craintifs et
finalement hostiles, le sacrifice des premières religieuses, l’action des
médecins, des prêtres, celle du père Xavier Lafrance notamment, et puis en 1964
la délivrance enfin avec la fermeture de la léproserie.
Chris
LeBlanc, jouant de tous les atouts à sa disposition, musiques de suspense,
lumières blafardes, comédiens chevronnés, a multiplié les scènes qui frappent
et qui touchent avec les plans de désespoir des malades, l’inhumanité flagrante
de leur condition.
Le
second film, tourné en 2001 à la force du poignet et sans beaucoup de moyens,
intitulé Le Libérateur libéré, conte
l’histoire de Fortunat Haché.
Ce
dernier, jeune engagé, quitte son Canada natal pour participer à la libération
de l’Europe et fait partie de ces vagues d’assaut qui débarquent le 6 juin 1944
sur les côtes normandes. Il connaît l’enfer, échappe au carnage, et avec son
unité continue son chemin de reconquête en repoussant l’ennemi jusqu’aux frontières
allemandes et belges, puis se retrouve en Hollande où il poursuit la lutte.
C’est au pays des tulipes qu’il fera la rencontre d’une jeune
Néerlandaise : l’instant d’une idylle qui ne dure qu’un temps très court.
Le devoir et les combats reprennent leur cours et, la paix revenue, le héros
regagne les rives du Saint-Laurent, construit sa vie d’homme, étouffant le
souvenir de son aventure hollandaise qui en silence a porté son fruit. Son
secret, il le garde au plus profond de son cœur. Jusqu’au jour où sa fille
s’entête à le retrouver. Chaîne et silence rompus. L’ancien libérateur est à
son tour libéré. De ce secret. La guerre et ses conséquences font renaître
l’espoir.
Mais
le temps et les hommes, implacablement, renterrent la belle histoire. La
réalité est souvent plus cruelle que la fiction et le rêve qui en découlent.
Ainsi va la vie qui ne laisse pas souvent le choix.
⁂
Ne
pas oublier
Cette
période d’août, qui chaque année correspond au festival de la Vache et du
Caribou, accouple régulièrement deux de ses jours avec les anniversaires
douloureux des 13 août 1943 et 17 août 1944. Ces jours-là, deux Canadiens,
originaires de l’Ontario, ont payé de leur vie leur engagement pour libérer l’Europe et la
France.
Le
premier, l’aviateur Donald William Dufton, disparut dans l’explosion de son
Halifax avec l’ensemble de l’équipage de l’appareil, aux portes de Verneuil. Le
second, Hector Sylvestre, parachutiste, fut trahi, à moins d’une semaine de la
libération de la ville, par la chance qui l’avait jusqu’ici accompagné. Fusillé
dans le jardin des Barrettes, derrière la mairie, avec cinq résistants français
pris au piège en même temps que lui, il repose aujourd’hui dans le cimetière
vernolien.
Tout
comme nos grands-pères qui rêvaient que la guerre 1914-1918 soit la dernière,
et comme ces peuples meurtris qui souhaitent profondément ne plus jamais
revivre ces douloureux carnages, les membres d’Adbstar se sont inclinés, le
lundi 17 août, sur la tombe du malheureux Hector Sylvestre.
La délégation composée d'Aimée Pezot, Michèle Thouin, Nicole Boucher, Patrick Lecouturier et René Dupuis devant la tombe d'Hector Sylvestre (photo Jean-Pierre Thouin). |
⁂
Claude
Vallières
Quand
les souffles de la vie se font poésie
Armé
de deux guitares et venant de la Nouvelle-France, le musicien poète Claude
Vallières a pris d’assaut la scène de la salle des fêtes de Verneuil-sur-Avre,
le dimanche 16 août. Aussitôt, il a présenté en chansons les différents
souffles de vie qui l’ont guidé dans sa démarche.
Sans
même reprendre son propre souffle, il s’engage dans celui du cœur. Il égrène
des notes de nostalgie, prend le large
de l’absence, et lorsque les journées deviennent
trop lentes et les instants du jour trop courts, le chanteur change de voie
pour se réfugier dans le quotidien des choses. Il le peint de couleurs pastel,
pleure sa brièveté et évoque la douceur et la richesse de la tendresse
partagée. Le public se laisse bercer mais il se surprend à penser que l’homme
qui chante si bien l’amour sous toutes ses formes et qui approcha de près de
grands noms tels Daniel Lavoie ou Michel Rivard, qui œuvra également avec le Cirque du
Soleil, n’eût pas donné plus d’engagement à son souffle de poésie avec plus de
révolte.
Un
accent à la Félix Leclerc, à la Gilles Vigneault, une touche forte semblable
aux ambiances peintes par Lisette Tardy, l’artiste qui ouvrit l’an dernier le
festival de la Vache et du Caribou, auraient apporté le vent attendu de la
puissante forêt canadienne.
Juste
un brin de souffle supplémentaire…
De la tendresse à hauteur d'homme. |
⁂
Souvenir
musical de la Louisiane
Une
découverte pour tous
Membres
d’Adbstar, Yvonne Coinon et Bernard Sauques de Bois-Arnault exploitent dans
cette commune du canton de Rugles un gîte d’hôtes réputé avec d’accueillantes
chambres, une table avec la possibilité d’y savourer de bons repas, un élégant
jardin et même une invitation à se détendre au… piano. Car Yvonne est une
mordue de jazz New Orleans. Amie de
Francine Fonsèque, qui vit dans la ville voisine de Breteuil-sur-Iton, elle
n’hésite pas à prendre place au sein du groupe d’amis musiciens de l’épouse du
regretté Raymond Fonsèque, ancien compagnon de scène de Claude Luter, Sidney
Bechet, Bill Coleman, Jacques Hélian et autre Cat Anderson.
Yvonne
et Bernard ont réalisé cette année un vieux rêve : découvrir le berceau du
jazz dixieland à La Nouvelle-Orléans. Ils en ont rapporté photos et films, montés
par le passionné Charles Khérian toujours prêt à aider ses amis. Et ils ont
tenu à partager cette découverte avec les fidèles du festival. Le dimanche 16
août, ils ont offert la présentation de ces souvenirs, à la salle des fêtes de
Verneuil, en apportant eux-mêmes l’accompagnement musical à l’ancienne, comme
au temps du cinéma muet. Un instant de convivialité partagée.
De gauche à droite : Charles Khérian, Bernard Sauques et le trio de musiciens, Francine Fonsèque, Eric Eruimy et Yvonne Coinon. |
⁂
Joyet
– Miravette
La
parfaite complicité du talent
Bernard
Joyet, Nathalie Miravette. C’est le temps de la juste rencontre. De
l’excellence.
Les
textes sans faute du parolier-poète méritaient la meilleure des notes. Nathalie
la lui a offerte. Et avec une osmose de perfection.
Samedi
soir, dans le cadre du festival de la Vache et du Caribou, à la salle des fêtes
de Verneuil-sur-Avre, ils ont fait un triomphe. Leur spectacle se boit comme
une liqueur forte. C’est fort et doux à la fois. Ça réveille et ça ouvre les
yeux. Ce nectar gouleyant, qu’ils distillent comme la sève bienfaitrice,
irradie l’esprit, bonifie le cœur. Et l’auteur, autodidacte de ces chansons
poèmes, qui « sourira à la fortune tant qu’il aura des mots », sème dans les têtes ce blé de
réflexion qui rendra meilleur. Il jongle avec ces mots, avec leur sens, et à ce jeu
s’invente un dictionnaire plus juste et judicieux que l’officiel. Pour lui, la
porte dérobée ne peut être que celle qui permet d’entrer chez un voleur.
L’encre sympathique de n’écrire que des choses agréables, et s’en aller en
catimini(e) ne peut annoncer qu’un départ pour un pays de rêve ou de vacances.
Ses textes accueillent des mots à double fond. On les savoure comme on
s’imprègne de la douceur d’un bonbon. Et lui-même, après avoir été agréablement
déçu, va jusqu’à chanter Le silence, lequel s’honore de cet honneur.
Nathalie
lui offre la parfaite réplique, elle aussi sonore, et de façon splendide. Le
public, séduit, ravi, est captivé. Au point que les spectateurs seront nombreux
à emporter avec eux, outre le souvenir d’une soirée merveilleuse, le CD ou bien
le recueil « Autodidacte II » qui
deviendra bientôt le livre de chevet à la manière de La Bible de l’auteur.
Et
Bernard Joyet laissera derrière lui l’ombre du grand poète qu’il est, et la
musique de la virtuose Nathalie qui n’est pas que…
⁂
Serge-André
Jones
De
la musique avant toute chose
et
la dérision en supplément
Deux
profils pour ne pas perdre la face : le droit, romantique et appliqué
lorsqu’il dompte le piano ; le gauche qui joue volontiers les innocents
lorsqu’il retrouve l’accent québécois, et le visage prenant de face un air
d’Arturo Brachetti pour évoquer les personnages les plus savoureux de
la région de Chaudière-Appalaches où se trouve le village qu'il habite.
Avec
son bagage de citadin, né à Québec et passé par Montréal, Serge-André Jones a
gardé sa silhouette de lycéen farceur. Toujours prêt à la plaisanterie, au
sourire contagieux, à conter une blague, à rire de rien et de tout, il se met
le public dans la poche dès les premières secondes. Et pour ce qui s’agit
d’occuper la scène, il est devenu maître. Le voyage – bucolique forcément –
qu’il entreprend avec le public se déroule dans la bonne humeur.
Depuis
dix ans sur les planches, il présente pour la première fois un produit cent
pour cent Jones. Il a composé la musique. Il a écrit les paroles. Nul doute que
ce garçon déjanté, qui a choisi de rire de tout de peur un jour d’être obligé
d’en pleurer, est un artiste talentueux. Son chemin l’a conduit jusqu’à
Verneuil-sur-Avre, jusqu’à la Vache et le Caribou. Lui qui adore la nature et
la campagne, il ne pouvait espérer mieux avant de poursuivre sa route qu’on
lui souhaite longue et joyeuse.
⁂
Et
la lumière fut avec An Las
Après
l’ambiance poétique des terres du Nord répandue par le duo Alexandra
Hernandez-Jonathan Mathis, la scène de la salle des fêtes de Verneuil-sur-Avre
était confiée au trio An Las.
Ce
groupe, qui a pris naissance et s’est placé sous la houlette du guitariste
Gilles Jamault en 2003, à évreux,
donna le tempo d’entrée. Ambiance celte avec le folklore accrocheur des gens de
l’Ouest, Basques, Galiciens, Bretons, Irlandais ou écossais.
De
l’an-dro à la gavotte, de la polka à la valse, du rond de Saint-Vincent à la
complainte et aux chants marins, les talentueux musiciens ont entraîné dans une
ronde folle tous les habitués du fest-noz. Et ils étaient nombreux, vendredi
soir, pour ce rendez-vous très convivial.
Gilles
Jamault et ses deux complices, Thomas Couron, le violoniste qui était
pratiquement sur des terres familiales à Verneuil-sur-Avre, et Fred Dechiron
jonglant de la bombarde à l’accordéon, ou de la flûte à la cornemuse, ont
joyeusement animé, avec un bel enthousiasme, cette soirée à inscrire comme
l’une des plus chaleureuses du festival.
⁂
Alexandra
Hernandez
La
chanteuse aux pieds nus
Ouvrant
la série des spectacles scéniques du Festival franco-québécois, l’artiste
acadienne Alexandra Hernandez, légère robe de voile, pieds et jambes nus, telle
une apparition, a ouvert son domaine de vie aux spectateurs. En compagnie de
son partenaire de scène, le musicien aux multiples talents Jonathan Mathis,
elle a saisi d’entrée le public par sa voix tendre et ses textes intimistes.
Cette
grande fille brune, née dans le lointain archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon,
à moins d’une encablure de la terre des Acadiens, le territoire français situé le
plus au nord du continent américain, a exprimé toute la nostalgie et la soif de
vivre des habitants de cette contrée. À la fois charnelle et sensible,
l’artiste qui a, dit-elle, choisi le meilleur des deux mondes, l’Acadie de ses
amis cajuns et la France où elle rédigea ses premières chansons, a su traduire
le climat à la fois rude et chaleureux de cette île perdue.
Apportant
la note d’humour et musicale indispensable à un tel spectacle pour lui offrir
l’originalité, Jonathan Mathis, originaire du Vercors, lui, tire des sons de
tout avec un talent bien personnel. Du journal déployé d’un coup sec au
ukulélé, il est devenu spécialiste unique du swing mécanique, alternant
mini-orgue de Barbarie, accordéon, harmonica et guitare, laissant le soin à
Alexandra de s’accompagner à la contrebasse.
En
fin de spectacle, une surprise attendait la salle. La petite Charlie, trois
ans et demi, fille d’Alexandra, fut invitée à monter sur scène pour interpréter la
chanson de clôture. Ce qu’elle fit avec un enthousiasme prometteur et une détermination
déjà bien maîtrisée, allant même jusqu’à quitter ses sandales pour avoir, comme
maman, les pieds nus. Souhaitons à Charlie que des ailes poussent à ses talons
pour lui donner l’élan nécessaire vers une carrière accomplie.
⁂
In
memoriam
En
découvrant l’horreur des camps nazis d’Auschwitz-Birkenau construits et
fonctionnant sur leur territoire, les Polonais, incrédules et abasourdis,
avaient aussitôt pris l’engagement de tout faire pour ne plus jamais revivre
les atrocités d’une guerre. Et ils avaient sur-le-champ publié un livre
souvenir intitulé Nous n’oublierons jamais.
À
Verneuil-sur-Avre, certains habitants, levant les yeux au ciel pour suivre le
passage d’un avion striant de sa vapeur blanche le drap d’azur, ne peuvent
s’empêcher de penser qu’il y a près de trois quarts de siècle, le vrombissement
des bombardiers alliés, passant par vagues au milieu d’un champ de flocons
tirés par la D.C.A. allemande, marquait un tournant de la Deuxième Guerre
mondiale. Une séquence qui se terminait presque toujours par des atrocités
sanglantes, dans des gerbes de feu et de sang. Nos libérateurs, parfois
abandonnés par la chance, sombraient dans d’affreuses souffrances au milieu des
décombres de leur aéronef. Ils laissaient là leur vie, offrant un horrifiant et
suprême sacrifice pour la reconquête de notre future liberté.
Donald
William Dufton, de la Royal Canadian Air Force, fut l’un de ces martyrs.
Né à Toronto le 10 décembre 1922, il avait embarqué à bord d’un
quadrimoteur Halifax chargé de bombes voguant vers Milan lorsque son appareil,
abattu le 13 août 1943 par le pilote de chasse allemand Detlef Grossfuss,
tomba en gerbes de feu dans la plaine Saint-Denis de Verneuil-sur-Avre. Venu de
l’Ontario (Canada), Donald Dufton repose toujours dans le cimetière vernolien, avec les autres
membres de son équipage, à la différence près que deux corps dont le sien n’ont
jamais été identifiés. Et sa tombe serait restée anonyme, c’est-à-dire « Known
unto God », si l’association
Adbstar-France n’avait apposé, à l’été
2010, une plaque de marbre gravée à son nom.
Car
les Vernoliens, tout comme les Polonais, ne veulent pas oublier non plus.
Ainsi,
comme chaque année depuis lors, au jour anniversaire de ce terrible événement, le
13 août, une délégation représentant l’association, composée d’Aimée Pezot, Nicole Boucher (par
ailleurs déléguée du conseil municipal), Patrick Lecouturier, Michèle et
Jean-Pierre Thouin, a déposé, au nom de tous ses concitoyens, une gerbe sur la tombe d’un héros disparu à l’âge
de vingt ans.
⁂
Au
Trianon : L’Empreinte,
une
bien belle leçon d’humanité
Pour
donner le coup d’envoi du festival franco-québécois « La Vache et le
Caribou », cette manifestation culturelle extrêmement sympathique, Adbstar
a fait retentir un grand coup de trompette.
Dimanche
après-midi en effet, avec la projection, au cinéma Le Trianon, du film
documentaire L’Empreinte, des cinéastes Yvan
Dubuc et Carole Poliquin, c’est un magistral départ qui fut lancé.
À
l’heure même où le Canada venait de découvrir ce film, la première projection
française de cette réalisation était proposée aux Vernoliens. Devant une
cinquantaine de spectateurs.
Au
micro, Didier Husson, conseiller délégué, chargé du développement culturel,
après avoir souligné qu’il étrennait la nouvelle sonorisation de la salle,
évoqua le travail des auteurs talentueux du film.
Le
but de ce document : découvrir l’origine et l’identité de ce peuple issu
du rassemblement par l’Histoire d’individus nés sur deux continents séparés par
l’océan. Une véritable quête. Le Canadien Roy Dupuis sert de guide à cette
démarche à la fois riche et émouvante qui se déroule dans l’étendue majestueuse
de ce pays magnifique et vaste. De rencontres en interlocuteurs, cette histoire
du Québec depuis la venue de Champlain révèle, dans un environnement d’images
splendides, larges, respirant la liberté, la philosophie d’un peuple qui s’est
trouvé. Français de souche (pour la majorité des Normands) et Amérindiens,
conjointement rejetés par les Anglais, se sont unis, pour donner naissance à une
osmose reposant sur le respect et le partage. Ils sont aujourd’hui 7 millions face
à 350 millions d’anglophones. Et leur leçon de vie basée sur l’intérêt
commun et non sur l’intérêt individuel est la plus belle des leçons que peut
offrir un peuple. Le tout bercé par la remarquable musique signée Jorane.
La poétesse amérindienne Joséphine Bacon, amie du festival, venue à Verneuil-sur-Avre en 2012, est l'une des intervenantes dans le très joli film documentaire de Carole Poliquin et Yvan Dubuc. |
⁂
C’est
dans la boîte !
Et
de six. L’annuel rendez-vous de l’été, créé il y a six ans par Adbstar,
poursuit sa route. Et tous ceux qui attendent ce festival, reflet du partage de
l’amitié et de la culture unissant la Normandie et le Québec, se sont réjouis
de cette excellente nouvelle.
Même
si cette année le temps de durée s’est rétréci : deux semaines. Deux
semaines seulement, mais un programme tout aussi dense, préparé avec toujours
autant de foi. Et toujours aussi riche.
Le
président Fabien Perucca et son équipe ont concocté une série de rencontres
alléchantes annoncées par une affiche de bon goût réalisée par Nadine Cholley.
Cette dernière, infographe du sud de la France, amie de Catherine et Thierry
Delporte de Tillières-sur-Avre, connaît bien la vallée d’Avre. Le trio
s’apprécie malgré la distance : Nadine, faux air de Chantal Goya, habite
Palavas-les-Flots. Mais elle intervient régulièrement pour Tillières en Scène,
contribuant souvent à la réalisation de ce spectacle. Cette année, elle a
volontiers apporté son concours au sixième festival franco-québécois,
d’autant que son amie Catherine est l’auteur du dessin de la Vache et du
Caribou stylisés, ornant la boîte à camembert des affiches. Car il faut bien
le reconnaître – sa modestie naturelle devant-elle en souffrir –, Catherine
possède de nombreux dons. Non seulement elle a un coup de crayon qui n’est pas
sans attrait, mais elle cuisine en cordon-bleu et réussit ses pâtisseries avec
beaucoup de talent. Les habitués du Festival savourent volontiers son far
breton. Et puis Catherine, née Kasbarian, a hérité du don d’organisateur de son
papa qui fit en son temps les beaux jours de l’étoile sportive tilliéroise. Cheville ouvrière de Tillières
en Scène, Catherine enfin sait jouer sans tapage les meneuses de revue.
Le
programme établi par l’équipe du président Fabien Perucca s’appuie sur une
série de spectacles culturels dont l’annonce est à découvrir dans le programme
annexe. Mais on se doit de parler déjà du prochain week-end des 14 et 15 août.
Ces deux journées vont voir se succéder, sur la scène de la salle des fêtes, un
duo musical, un trio celte bien connu et applaudi dans toute la région, un
artiste québécois qui jongle étonnamment avec les arts de la scène pour
présenter avec humour un spectacle bucolique, et le duo Bernard Joyet-Nathalie
Miravette, absolument irrésistible de dextérité verbale et pianistique, et qui,
avec ses chansons drôles, impertinentes et d’une qualité rare, vous
transportera dans un monde meilleur où vous vous délecterez.
Un grand
merci déjà à Adbstar pour cet air vivifiant qu’il fait circuler sous la
canicule de ce mois d’août plutôt surchauffé.
⁂
Ouverture
du Festival
«
La Vache et le Caribou »
(sur
l’air de Sur la route de Louviers)
Sur la
route de cheu nous (bis),
J’ons vu
passer un caribou (bis),
Et une
vach’ (bis),
Pas très
bravach’ (bis),
Et une
vach’ pas très bravach’
évitant le passag’ des clous.
Ils
venaient au festival (bis),
Déambulant
d’un air martial (bis),
Pour saluer
(bis),
Le
président (bis),
Pour saluer
le président
Dont le
programme est épatant.
Ils
accouraient avec ardeur (bis),
Pour
partager la bonn’ humeur (bis),
Et savourer
(bis),
Ce festival
(bis),
Et savourer
ce festival
Qui
vraiment est un régal !
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